Plus de 60% des buralistes sont en infraction à l’égard de la vente de tabac aux mineurs, dénonce le Comité National Contre le Tabagisme, qui réclame davantage de sanctions.
Le CNCT rappelle que, depuis 2003, la loi Recours interdit toute vente des produits de tabac aux mineurs de moins de 16 ans. Cette interdiction de vente a été étendue 6 ans après aux mineurs de moins de 18 ans, par la loi Hôpital, Patients, Santé et Territoires (HPST), une disposition qu’ignorent encore 34 % des jeunes, selon une enquête du CNCT menée auprès de 600 adolescents¹. Celle-ci oblige en outre les débitants de tabac à informer leur clientèle de cette disposition en apposant une affichette dans leurs locaux.Pour s’assurer du bon respect de la législation, le CNCT a réalisé une enquête de terrain auprès de 430 débitants de tabac². Le constat : seuls 49 % respectent la loi en termes d’affichage de l’interdiction de vente mais surtout à peine 8 % des débitants ont réclamé une pièce d’identité aux mineurs leur achetant des cigarettes et 26 % ont demandé leur âge. “C’est ainsi que 62 % des débitants français étaient en infraction et ont vendu du tabac à des mineurs de 12 à 17 ans“, souligne le CNCT dans un communiqué. Et d’ajouter : “À l’égard des enfants de 12 ans, près de 4 buralistes sur 10 ont accepté de leur vendre du tabac (38 %)“.Or l’on sait que l’adolescence est pour la majorité des fumeurs une période-clé, plus de la moitié (58 %) déclarant avoir consommé leur première cigarette entre 11 et 14 ans.Le CNCT souhaite des sanctions dissuasives pour les buralistesLes résultats de l’enquête menée auprès des jeunes confirment ces données et sont, elles aussi, sans appel : 60% d’entre eux indiquent ne jamais rencontrer de difficultés pour acheter du tabac chez les buralistes, qui est la première source d’approvisionnement pour la majorité (38 %), devant les amis (29 %). Les jeunes sont d’ailleurs les premiers à trouver la loi peu efficace car facilement contournable et mal appliquée. Selon eux, plus que les parents ou la police, c’est aux débitants que revient l’obligation de faire respecter cette loi. Un avis que partage le Pr Henri Joyeux, président de Familles de France. “Si la question du tabac doit légitimement faire partie de l’éducation des enfants et concerne en premier lieu les familles quand les enfants sont mineurs, celle de l’application de l’interdiction de vente des produits du tabac aux mineurs relève de la seule responsabilité des débitants du tabac“, rappelle-t-il.Le CNCT demande donc à la fois :
- une formation plus rigoureuse des débitants de tabac concernant leurs obligations de respect des lois de santé publique ;
- des sanctions dissuasives en cas d’infraction : suspension de la licence voire retrait définitif ;
- des contrôles des débits avec des inspections régulières et rigoureuses ;
- une plus grande implication des autorités publiques, administratives et judiciaires.
La nicotine plus addictive que l’héroïne pour la moitié des fumeursEt si l’on en croit les résultats d’une autre enquête³ réalisée par l’institut de sondage Ipsos auprès d’un millier de fumeurs, le refus de vente aux mineurs pourrait empêcher un certain nombre d’entre eux de sombrer dans l’addiction au tabagisme. Près d’un fumeur sur deux (44 %) préfèrerait, en effet, ne jamais avoir allumé leur première cigarette et jugent la nicotine plus addictive que l’héroïne et la cocaïne (respectivement 45 et 49 %). La preuve : ni les intempéries, ni un mal de gorge douloureux ne les empêchent de fumer (64 %), entraînant à la fois un sentiment de dépossession de soi et de culpabilité vis-à-vis des non-fumeurs. Ce qui conduit un certain nombre d’entre eux à mentir sur leur consommation de tabac, que ce soit à leur médecin ou à leurs proches (respectivement 15 et 21 %)…D’ailleurs, pour la moitié des fumeurs interrogés, arrêter de fumer paraît très difficile… mais pas impossible. Mais plus encore que la nicotine elle-même, c’est l’idée de renoncer à une habitude très ancrée et à la gestuelle associée au tabagisme qui leur semble le plus dur (44 % contre 34 %). Pour certains, le fait de “tenir“ plusieurs jours sans fumer (14 %), ou d’avoir déjà réussi à arrêter (11 %) les rassure dans leur capacité à renoncer pour toujours à la cigarette. D’autres considèrent en revanche qu’il s’agit d’un choix hédoniste auquel ils ne souhaitent pas renoncer (12 %).Le médecin le plus légitime en termes de conseils au sevrageD’après l’enquête, nombreux sont les fumeurs qui ont essayé d’arrêter de fumeur seuls, sans aucun soutien, considérant que la volonté seule suffit (50 %). L’accompagnement est pourtant primordial. Plus de la moitié des fumeurs interrogés iraient demander conseils à leur médecin, le plus crédible et légitime à leurs yeux (pour 46 % d’entre eux). La famille et les amis constituent un autre soutien essentiel dans la démarche d’arrêt du tabac, cités par un tiers des fumeurs. Les professionnels de santé ayant des difficultés à aborder la question du tabagisme lors d’une consultation dédiée à un autre problème de santé, le laboratoire Pfizer, en partenariat avec le Comité contre les maladies respiratoires, la Fédération Française de Cardiologie, la Fédération Française de Pneumologie et la Société Française de Tabacologie, a développé un onglet spécifique à destinations des médecins sur le site
www.prevention-tabac.com. Baptisé Ma consultation tabac, il met à leur disposition conseils, outils et supports pratiques pour engager la discussion et accompagner leurs patients fumeurs dans leur démarche de sevrage.Amélie PelletierSources1. Sondage réalisé par LH2 sur Internet du 12 au 19 septembre 2011, auprès d’un échantillon de 600 adolescents, représentatif de la population française âgée de 12 à 17 ans, selon la méthode des quotas.2. Observatoire “client mystère“ réalisé du 16 au 28 mai 2011 pour le CNCT, auprès d’un échantillon de 430 débits de tabac représentatifs en termes d’activité annexe au point de vente, de région et de taille de commune. Les jeunes étaient âgés de 12 à 17 ans et vêtus de manière à ne pas piéger le débitant à propos de l’âge. Un adulte était présent dans le débit afin de contrôler la signalétique sans être à proximité du jeune.3. Étude online menée en janvier 2011 par Ipsos auprès d’une population de panelistes composée de 1 000 fumeurs, respectivement âgés de 18 ans et plus, et suivant une répartition par genre de 52 % de femmes et 48 % d’hommes. La majorité des panelistes (88 %) fument depuis 6 à 10 ans et plus. Les chiffres révélés ici correspondent au volet français d’une étude menée à travers 16 pays.Click Here: Fjallraven Kanken Art Spring Landscape Backpacks