À l’occasion du Festival de Cannes, nous avons réussi à échanger quelques phrases avec Isabelle Huppert, présidente du jury cette année.
«L’Huppert présidente» a confié tout attendre du Festival, et apprécie tout particulièrement venir sur la Croisette sans aucun film à vendre.
Retour sur les confidences de cette actrice d’exception. Par Rebecca Leffler Rendez-vous sur notre site dédié au Festival de Cannes
«C’est une longue histoire, Cannes et moi. Cannes m’a accompagnée pendant toute ma vie d’actrice», m’a confiée Isabelle Huppert, peu avant le début de cette 62e édition du fameux Festival de Cannes où elle joue l’un des plus beaux rôles, celui de présidente.
Son palmarès à Cannes est plutôt flatteur. Elle a joué dans Aloise et La Dentelière, puis a gagné, en 1978, le Prix d’interprétation féminine pour son rôle dans Violette Nozière. En 1984, elle a fait partie du jury sous la présidence de Dirk Bogard, avant de remporter en 2001 le prix d’interprétation une seconde fois pour son rôle sublime dans La Pianiste, de Michael Haneke.
Morceaux choisis de ma conversation avec l’actrice:
Vous qui connaissez bien ce Festival, comment le décririez-vous?
Isabelle Huppert: «Cannes donne une légitimité aux films. C’est un forum très fort où un film pourrait être accepté ou rejeté avant même de sortir en salles. C’est un foyer parfois qui brûle et qui s’échauffe», m’a-t-elle dit, avant d’ajouter «Il faut savoir que Cannes, c’est un public très réactif qui expire avec beaucoup de force. Mais c’est cela qui est attirant à Cannes, il y a toujours ce risque».
Et cette année, qu’attendez-vous?
I.A: «J’attends tout. J’attends surtout de voir de bons films et me réjouis de venir sans film à défendre. Quand on va à Cannes, on n’y va pas en tant que spectateur normal. On présente le film, et puis on part. Enfin, je serai une vraie spectatrice à Cannes. En étant membre du jury, tout d’un coup on devient un vrai spectateur et non plus simplement l’actrice d’un film».
Et votre générique idéal?
I.A: «J’aurai bien aimé jouer dans un film du maître Hitchcock»
Cette actrice, connue pour son intelligence et son indépendance de pensée m’a par ailleurs offert quelques «huppertismes», des regards passionnés sur le cinéma.
Son regard sur la force des grands réalisateurs: «Le cinéma est une affaire d’intime conviction, il peut changer la manière dont on voit les choses. Le cinéma est un phénomène émotionnel très fort. C’est un virus qui nous fait penser, qui fait circuler la pensée des gens. C’est lié à la mémoire des êtres humains. C’est quelque chose qui permet d’oublier la réalité pendant deux heures, mais on n’oublie pas de penser. Le cinéma est grand quand il nous procure des souvenirs mais aussi quand il donne de l’oubli».
Et sa vocation? «Je le savais quand j’en suis devenue une. Ça s’est imposé à moi comme une évidence. Mais je ne rêvais pas de ça dans mon enfance», admet-elle.
Même si elle n’en rêvait pas, elle en fait aujourd’hui rêver plus d’une, car les jeunes comédiennes la voient comme un idéal à atteindre.
Un idéal qui profite aujourd’hui pleinement de son nouveau statut et espère bien savourer chaque instant du festival, en découvrant de nombreuses pépites d’or…
Lundi 18 mai 2009
Rebecca Leffler