Mercredi 2 octobre, la Haute Autorité de Santé publie un guide à destination des médecins pour leur apprendre comment repérer les violences conjugales parmi leurs patientes et recommande la mise en place d’un interrogatoire systématique en consultation à partir de maintenant.
Sommaire
- “Ouvrir la prise de parole c’est une reprise d’autonomie par rapport à ce qu’elle vit chez elle avec son conjoint”
- Rédiger un certificat médical pour faire valoir les droits de la victime
Trois à quatre femmes sur 10 présentes dans les salles d’attentes des médecins seraient victimes de
violences conjugales. Les professionnels de santé sont des acteurs majeures dans le repérages des violences faites aux femmes, dont on parle trop peu. Problème, ils manquent de formation et d’outils pour gérer ce genre de situation où la vie de la patiente est pourtant en jeu. Face à ce constat, la Haute Autorité de Santé a révélé lors d’une conférence de presse, mercredi 2 octobre, un guide d’une cinquantaine de pages à destination des professionnels de santé pour les aider à repérer les signes, comment aborder cette question délicate et quelles solutions proposer aux victimes. La Haute Autorité de Santé (HAS) recommande également “d’aborder à partir de maintenant systématiquement la question des violences conjugales en consultation”.“Il est important que les médecins apportent cette écoute à une patiente qui présente les signes d’une femme battue. Leur cabinet est l’un des rares endroits où elle peut se retrouver seule”, explique Françoise Toutain, directrice du centre Flora Tristan destiné à l’aide des femmes victimes de violences. “Ouvrir la prise de parole c’est une reprise d’autonomie par rapport à ce qu’elle vit chez elle avec son conjoint”Présente à la conférence de presse, le Dr Ghada Hatem, gynécologue admet : “Oui, c’est vrai en cabinet on n’a pas le temps, les salles d’attentes sont bondées et on a la pression de la hiérarchie si les patients s’accumulent mais ça n’est pas si long à faire, l’idée n’est pas forcément de l’aider tout de suite, mais au moins d’engager la conversation sur le sujet”. C’est d’autant plus important que dans beaucoup de cas, la victime, sous l’emprise de son bourreau, ne se considère pas comme telle. Beaucoup ne savent pas ce que sont des violences conjugales, elles trouvent des circonstances atténuantes au passé de leur conjoint, où elles pensent que ce n’est pas si grave ou normal. “Ouvrir la prise de parole c’est une reprise d’autonomie par rapport à ce qu’elle vit chez elle avec son conjoint et ça n’est pas rien”, insiste le Dr Mathilde Vicard-Olagne, médecin généraliste. Dans le guide de la HAS les médecins y trouvent des conseils pour repérer les signes à l’aide de questions adaptées au contexte du type : “Comment vous sentez-vous à la maison ,?”, “comment votre conjoint se comporte-t-il avec vous ?”… Même s’il n’y a pas de profil type, la HAS a recensé une liste de signes physiques (symptômes chroniques inexpliqués, lésions traumatiques répétées avec des explications vagues…), des troubles psychologiques (
dépression, anxiété, auto-dévalorisation…), des signes sexuels (infections génitales et urinaires à répétition, douleurs pelviennes chroniques…), des symptômes repérables pour les dentistes (récidives de fracture dentaire, refus d’ouvrir la bouche, troubles de l’occlusion…). Et également des signes pour évaluer les comportements à risque d’un conjoint accompagnant la victime ou les répercussions sur les enfants. Rédiger un certificat médical pour faire valoir les droits de la victimeMais une fois le diagnostic posé et le dialogue installé, les professionnels de santé doivent connaître les actions concrètes qu’ils peuvent faire pour aider la patiente. Dans son guide, la HAS explique comment informer la victime de toutes les options pour prévoir un départ de façon sécurisée, de son droit de quitter le domicile conjugal avec les enfants après avoir déposé une main courante à la police, des juges aux affaires familiales à saisir en urgence ou même de décider d’une hospitalisation en cas de situation jugée grave. La HAS recommande également la rédaction d’un certificat médical “pour faire valoir les droits de la victime et obtenir des mesures de protection” après avoir effectué un examen clinique de la patiente. Avec la publication de ce guide, la HAS espèrent interpeller les professionnels de santé sur la question des violences conjugales et instaurer le questionnement systématique sur les violences conjugales dans le dossier médical au même titre que la consommation de drogue ou d’alcool. Le relais des médias étant la seule option à l’heure actuelle pour diffuser l’information, la balle se trouve désormais dans le camp des professionnels de santé.Click Here: gold coast suns 2019 guernsey